Le refus de priorité comme facteur de risque des accidents de voiture de tourisme

Les refus de priorité commis par les conducteur·rices de voitures de tourisme constituent un facteur de risque significatif d’accidents graves. Dans 90 % des cas, les autres personnes impliquées dans l’accident sont grièvement blessées ou tuées.

Description de la situation

Les causes des refus de priorité ne figurent pas clairement dans la statistique des accidents de la route. Des études montrent que les conducteur·rices de voitures de tourisme en faute ne voient souvent pas les piéton·nes, les voient trop tard [1–5] ou ne respectent parfois pas sciemment la priorité des piéton·nes aux passages piétons [5].

Les accidents dus à des refus de priorité sont fréquemment causés par des lacunes de perception. Ces lacunes peuvent avoir différentes causes, qui peuvent parfois se combiner: 

  • défauts de l’infrastructure routière au niveau des traversées;
  • grande complexité dans la situation de circulation;
  • limites des capacités humaines en lien avec l’acquisition et le traitement de l’information;
  • erreurs de jugement;
  • attentes erronées (p. ex. aux passages piétons où peu de personnes traversent en temps normal);
  • mauvaises stratégies visuelles;
  • comportements inadaptés (p. ex. distraction);
  • capacité momentanée limitée (p. ex. alcool).

Chez les seniors au volant, les déficits de perception et de traitement des informations liés au développement jouent probablement un rôle plus important que chez les jeunes conducteur·rices de voitures de tourisme. Le fait que les piéton·nes, les motocyclistes, les cyclistes et les utilisateur·rices de trottinettes électriques présentent une silhouette nettement plus fine que celle des voitures de tourisme contribue à ce qu’ils·elles soient plus facilement ignoré·es [2,4,5].

Prévalence

En l’absence de données objectives, il est difficile d’estimer la fréquence des refus de priorité par les conducteur·rices de voitures de tourisme par rapport aux autres usager·ères de la route. Concernant les refus de priorité commis envers les piéton·nes, une étude d’observation qui remonte à quelques années mais représentative du BPA a montré que le taux d’arrêt des conducteur·rices aux passages piétons est nettement trop faible: seule la moitié environ des conducteur·rices ont accordé la priorité aux piéton·nes ​[6]​.

Une étude plus récente, mais de moindre ampleur et donc non représentative, a constaté des taux d’arrêt nettement plus élevés aux passages piétons: les règles de la circulation routière ont été respectées en moyenne dans 88 % des cas. Les refus de priorité sont commis par les voitures de tourisme dans 9 % des cas ​[7]​. 

Dans le sondage auprès de la population 2023, la moitié des automobilistes interrogé·es ont indiqué ne pas accorder la priorité au moins de temps en temps à une personne qui attend à un passage piétons [6]. 

Sur la base de la statistique des accidents, on peut supposer que les conducteur·rices de voitures de tourisme commettent fréquemment des refus de priorité: les accidents provoqués par des conducteur·rices de voitures de tourisme sont le plus souvent des refus de priorité (38 %).

Dangerosité

En l’absence d’études sur le sujet, il n’est pas possible d’évaluer la fréquence des accidents résultant d’un refus de priorité commis par des conducteur·rices de voitures de tourisme. Globalement, on peut toutefois supposer que les refus de priorité entraînent un risque plus élevé de collisions en raison de leur plus grand impact sur l’accidentalité.

Selon la statistique des accidents, 17 % des usager·ères antagonistes sont grièvement ou mortellement blessé·es par des conducteur·rices de voitures de tourisme qui commettent un refus de priorité. 83 % sont légèrement blessé·es (Ø 2019-2023). Les accidents de ce type sont les plus dangereux pour les piéton·nes et les motocyclistes.

Impact sur l’accidentalité

L’impact sur l’accidentalité des refus de priorité chez les conducteur·rices de voitures de tourisme est élevé. Entre 2019 et 2023, en moyenne 18 usager·ères de la route ont perdu la vie chaque année sur les routes suisses. 613 autres ont été grièvement blessé·es. Ces chiffres correspondaient à 17 % de tous les accidents entraînant des blessures mortelles et 40 % des accidents entraînant des blessures graves dont des conducteur·rices de voitures de tourisme étaient les principaux responsables.

Si les refus de priorité sont enregistrés comme cause concomitante, les chiffres augmentent en moyenne de deux tué·es et 36 blessé·es graves.

Dans 90 % des cas, les personnes grièvement blessées ou tuées dans l’accident ne sont pas les conducteur·rices de voitures de tourisme eux·elles-mêmes, mais d’autres personnes impliquées dans cet accident. Il s’agit en premier lieu de motocyclistes (31 %). Viennent ensuite les piéton·nes, qui représentent 27 %, puis les cyclistes non motorisé·es (21 %) et enfin les cyclistes motorisé·es (à peine 10 %).

Si l’on distingue les blessé·es graves et les tué·es selon les différentes catégories de refus de priorité, les causes les plus fréquemment enregistrées sont les trois catégories «non-respect du signal de priorité cédez le passage» (31 %), «refus de priorité aux passages piétons» (23 %) et «non-respect de la priorité aux véhicules circulant en sens inverse au moment de tourner à gauche» (20 %).

Les refus de priorité entraînant des dommages corporels chez d’autres usager·ères de la route commis par des conducteur·rices de voitures de tourisme se produisent le plus fréquemment en localité (79 %), dont 30 % sur des passages piétons.

Sources

[1] Räsänen M, Summala H. Attention and expectation problems in bicycle–car collisions: An in-depth study. Accid Anal Prev. 1998; 30(5): 657–666. DOI:10.1016/S0001-4575(98)00007-4.

[2] Uhr A. Verkehrssicherheit von Velos und E-Bikes im Kreisel. Bern: BFU, Beratungsstelle für Unfallverhütung; 2022. Forschung 2.463. DOI:10.13100/BFU.2.463.01.2022.

[3] Walter E, Cavegn M, Ewert U et al. Motorradverkehr. Bern: BFU, Beratungsstelle für Unfallverhütung; 2014. Sicherheitsdossier Nr. 12.

[4] Walter E, Achermann Stürmer Y, Scaramuzza G et al. Fahrradverkehr. Bern: BFU, Beratungsstelle für Unfallverhütung; 2012. Sicherheitsdossier Nr. 08.

[5] Walter E, Achermann Stürmer Y, Scaramuzza G et al. Fussverkehr. Bern: BFU, Beratungsstelle für Unfallverhütung; 2013. Sicherheitsdossier Nr. 11.

[6] BFU, Beratungsstelle für Unfallverhütung. BFU-Bevölkerungsbefragung 2023: Jährlich wiederkehrende Befragung der Schweizer Wohnbevölkerung zu Themen im Bereich der Nichtberufsunfälle [Unveröffentlichter Bericht]. Bern: BFU; 2023.

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