Description de la situation
La fatigue au volant est un important facteur de risque des accidents de la route. Ce facteur inclut l’assoupissement et toutes les baisses de capacités dues à la fatigue et qui se manifestent bien avant le moment de s’assoupir (p. ex. une réaction plus lente [1]).
La fatigue chez les personnes âgées est souvent liée à des problèmes de santé et à la prise de médicaments. À cela s’ajoutent des changements liés à l’âge, tels que des phases de sommeil profond plus courtes ou des modifications du rythme circadien ou de l’horloge interne [2]. D’autres causes générales de fatigue au volant sont le manque de sommeil, le fait de conduire à des moments où le besoin de sommeil est élevé, les trajets longs ou monotones, ou encore l’alcool et les drogues [1].
En raison de l’âge et de la maladie, la fatigue et la somnolence diurne sont plus fréquentes chez les personnes âgées que chez les personnes plus jeunes [3]. Parmi ces maladies, les troubles du sommeil tels que l’apnée obstructive du sommeil non traitée ont un impact, mais c’est aussi le cas d’autres maladies telles qu’une insuffisance cardiaque, les dépressions ou la maladie de Parkinson [1,2].
Parmi les médicaments, les tranquillisants, les somnifères et certains antidépresseurs jouent notamment un rôle. Ces médicaments ont souvent un effet sédatif plus important chez les personnes âgées que chez les plus jeunes. En outre, les personnes âgées prennent plus souvent plusieurs médicaments, ce qui peut encore accentuer la fatigue et d’autres effets indésirables [1,4]. Les changements liés à l’âge font également que les personnes âgées sont plus fatiguées l’après-midi [1] et qu’elles se fatiguent plus vite au volant que les plus jeunes, car la conduite est souvent plus éprouvante pour elles [5].
Prévalence
Des enquêtes montrent que la fatigue au volant est généralement un phénomène fréquent. Beaucoup de personnes interrogées admettent même s’être déjà assoupies au volant [1]. Une grande enquête réalisée en Europe laisse toutefois supposer que les personnes âgées sont moins souvent fatiguées au volant que les plus jeunes. Au total, 18 % des personnes interrogées ont déclaré avoir conduit au moins une fois au cours des 30 derniers jours en étant si fatiguées qu’elles pouvaient à peine garder les yeux ouverts. Cette part était nettement plus faible (8 %) chez les 65-74 ans [6].
Le sondage 2024 du BPA auprès de la population présente des chiffres similaires: 57 % des personnes interrogées ont indiqué rouler au moins de temps en temps malgré la fatigue. Chez les personnes de 65 ans et plus, c’est nettement moins souvent le cas (37 %) [7].
Dangerosité
La fatigue est associée à une altération de la capacité de conduire. Les personnes fatiguées ont par exemple des difficultés à maintenir leur trajectoire, perçoivent les dangers avec un certain retard et réagissent tardivement aux événements inattendus. Dans les cas extrêmes, la fatigue peut entraîner un assoupissement au volant.
En raison de ces troubles, les conducteur·rices fatigué·es présentent un risque d’accident plus élevé. Il n’est guère possible de spécifier ce risque avec précision. Cependant, selon une estimation approximative, le risque relatif devrait se situer dans une fourchette de 1,5 à 4 (voir [1]). Une étude portant sur les effets de l’apnée du sommeil ou du manque de sommeil sur le risque d’accident a comparé différentes tranches d’âge [8]. L’étude n’a pas mis en évidence de différence significative entre les personnes plus âgées et les personnes plus jeunes.
Les accidents dus à la fatigue sont souvent graves lorsque le·la conducteur·rice s’est endormi·e. Cela est probablement dû au fait que de tels accidents se produisent à une vitesse plus élevée, que le·la conducteur·rice n’a pas freiné ou qu’il·elle a freiné trop tard avant le choc [9].
Impact sur l’accidentalité
Dans la statistique des accidents de la route enregistrés par la police, la fatigue des seniors (y compris les assoupissements) constitue la cause principale d’environ 1 % des dommages corporels graves dans cette tranche d’âge (voir note explicative).
Comme il est difficile pour la police d’identifier la fatigue de manière fiable sur le lieu de l’accident et que les personnes concernées dissimulent souvent leur somnolence, l’ampleur du phénomène est sous-estimée dans la statistique officielle des accidents de la route.
Des études spécifiques montrent que la fatigue est un facteur d’influence beaucoup plus substantiel. Si l’on exclut d’autres facteurs tels que l’obscurité, l’alcool et la vitesse excessive, on peut estimer que la fatigue est la cause (concomitante) d’environ 10 % des accidents graves impliquant les conducteur·rices de véhicules à moteur (voir [1]).
Notes explicatives
Par «seniors», on entend les conducteur·rices ou les piéton·nes de 65 ans et plus qui se déplacent dans la circulation. Les passager·ères d’une voiture de tourisme, par exemple, ne sont pas inclus·es ici.
Sources
[1] Hertach P, Uhr A, Niemann S et al. Beeinträchtigte Fahrfähigkeit von Motorfahrzeuglenkenden. Bern: BFU, Beratungsstelle für Unfallverhütung; 2020. Sicherheitsdossier 2.361. DOI:10.13100/BFU.2.361.01.
[2] Falkenstein M, Karthaus M, Brüne-Cohrs U. Age-related diseases and driving safety. Geriatrics (Basel, Switzerland). 2020; 5(4). DOI:10.3390/geriatrics5040080.
[3] Uhr A, Ewert U, Scaramuzza G et al. Sicherheit älterer Verkehrsteilnehmer. Bern: BFU, Beratungsstelle für Unfallverhütung; 2016. Sicherheitsdossier Nr. 14. DOI:10.13100/bfu.2.271.01.
[4] Freed SA, Staplin, Loren, Sprague BN, Ross LA. State of knowledge on older drivers: Report No. DOT HS 813 535. Washington, DC: National Highway Traffic Safety Administration NHTSA; 2024 DOT HS 813 535.
[5] Huwiler K, Uhr A, Hertach P. Altersbasierte verkehrsmedizinische Kontrolluntersuchungen: Evaluation des Schweizer Systems. Bern: BFU, Beratungsstelle für Unfallverhütung; 2022. Fachdokumentation 2.468. DOI:10.13100/bfu.2.468.01.2022.
[6] Areal A, Pires C, Pita R et al. Distraction (mobile phone use) & fatigue: ESRA3 Thematic report Nr. 3. ESRA project (E-Survey of Road users' Attitudes: Portuguese Road Safety Association; 2024.
[7] BFU, Beratungsstelle für Unfallverhütung. BFU-Bevölkerungsbefragung 2024: Jährlich wiederkehrende Befragung der Schweizer Wohnbevölkerung zu Themen im Bereich der Nichtberufsunfälle. Bern: BFU; 2024.
[8] Gottlieb DJ, Ellenbogen JM, Bianchi MT, Czeisler C. Sleep deficiency and motor vehicle crash risk in the general population: A prospective cohort study. BMC Med. 2018; 16(1): 44. DOI:10.1186/s12916-018-1025-7.
[9] European Commission EC. Road safety thematic report – Fatigue. Brussels: European Road Safety Observatory; 2021.